Comprendre les rituels funéraires : une table ronde interculturelle

Publié le 08 novembre 2024

Dans le cadre de la “Semaine Mortelle” organisée par le Centre d’Action Laïque de Namur, une table ronde s’est tenue le 5 novembre 2024, rassemblant des représentants de différentes confessions pour explorer les rituels funéraires et le rôle des rites dans le processus de deuil. Modéré par le philosophe Thomas Chouters, cet échange a permis d’aborder les diverses pratiques culturelles et religieuses autour de la mort, et les significations qu’elles revêtent pour les familles et les communautés.

L’événement s’inscrivait dans une démarche visant à lever les tabous sur la mort, souvent difficile à aborder, et à promouvoir un dialogue interculturel et interreligieux. 6 représentants participaient à cette table ronde:

  • Mohammad Arsalan pour l’islam
  • Eric de Beukelaer pour le catholicisme
  • Thomas Gergely pour le judaïsme
  • Bruneau Jousselin pour le protestantisme
  • Christian Langerôme pour la laïcité
  • Carlo Luyckx pour le bouddhisme

Le sens des rituels

Chaque tradition représentée a mis en avant l’importance des rituels pour accompagner le défunt et soutenir les proches. Par exemple, Eric de Beukelaer, pour le catholicisme, a décrit la mort comme un passage, “une Pâque,” où le rituel funéraire vise à célébrer la vie du défunt tout en apportant espoir aux vivants. Pour l’imam Mohammad Arsalan, dans l’islam, la dignité et la simplicité de l’inhumation, ainsi que des prières spécifiques, expriment le respect dû au défunt et la foi en une vie après la mort.

La sobriété et le respect des rites

Les intervenants ont aussi souligné la retenue dans les rites. Thomas Gergely, représentant du judaïsme, a évoqué la nécessité de couvrir le corps pour éviter toute forme de voyeurisme. Il a expliqué que pour le judaïsme, la mort n’est pas un spectacle, et que les rites se concentrent sur le respect et la dignité de l’enveloppe corporelle qui a abrité l’âme.

L’évolution et l’adaptation des rituels

Bruneau Jousselin a mis en lumière l’évolution des pratiques protestantes, qui, bien que marquées par une simplicité rituelle, permettent une personnalisation en fonction des souhaits des familles. Dans un monde en perpétuel changement, les rituels doivent, selon lui, évoluer pour continuer à répondre aux besoins des proches, tout en restant fidèles à l’esprit de la tradition. Interpellé par le public lors de la séance de questions-réponses, à propos des nouvelles formes de sépultures (telle que l’humusation par exemple), il a exprimé que le protestantisme n’y était pas opposé, le “compostage humain” n’étant qu’une version accélérée de ce qui se passait lors du processus d’inhumation par ex.

Le rôle de la laïcité

Christian Langerôme a partagé une perspective laïque, insistant sur le respect des convictions de chaque famille et l’importance de personnaliser les cérémonies funéraires. Pour lui, les rituels laïques permettent d’accompagner le deuil dans une approche respectueuse, sans dimension religieuse, mais tout aussi symbolique.

Ce dialogue interculturel a permis d’approfondir notre compréhension des rituels liés à la mort, révélant des valeurs partagées d’humanité et de respect malgré les différences culturelles et religieuses.