Dès le début de 2021, une nouvelle mission a été confiée à PalliaNam dans le cadre des mesures urgentes en santé mentale, visant à renforcer nos équipes suite à la crise COVID et ses impacts, afin de soutenir les particuliers et les professionnels de 1ère ligne, et de créer des liens avec les acteurs du réseau de la santé locale.
Dans ce contexte, PalliaNam a développé de nombreux projets, offres et services pour ces publics. Ci-dessous, nous retraçons les grandes lignes de ces différents axes qui n’auraient pu être développés sans le soutien MUSM au sein de notre plate-forme.
Vous souhaitez en savoir plus sur l’impact chiffré de ces mesures ?
Renforcer l’offre de soutien psychologique sur la Province
En 2020, durant la crise Covid, les entretiens furent proposés en présentiel, en vidéoconférence ou par téléphone. Lors du déploiement des mesures urgentes en santé mentale au sein de la plate-forme en 2021, l’équipe des psychologues fut agrandie et la pratique distanciée a été abandonnée pour retrouver les patients en cabinet ou au sein des institutions.
Ce renfort en personnel a ainsi permis de répondre aux demandes d’accompagnements psychologiques individuels des patients en fin de vie et de leurs aidants proches. Grâce aux MUSM, PalliaNam a vu une augmentation significative du nombre de prises en charge possibles, tant en suivi individuel qu’en lieu de parole institutionnel (MRPA et MRS, Institutions d’accueil pour personnes porteuses de handicap).
Mais ce renfort nous a aussi donné l’opportunité de nous adresser à des publics habituellement moins touchés (car éloignés) et de diversifier nos propositions grâce à la mise en place d’initiatives nouvelles répondant à un besoin exprimé mais qu’il n’avait pas été possible de rencontrer jusqu’à présent, faute de temps et de personnel.
Un soutien psychologique délocalisé
Afin d’être au plus proche des bénéficiaires, de nouveaux lieux de consultation ont été proposés dans chaque arrondissement de la province, rendant accessible le soutien en milieu rural. Ce soutien psychologique délocalisé s’est concrétisé par la mise en place de permanences de consultations (grâce à divers partenariats locaux) sur Dinant, Philippeville, Beauraing et Silenrieux.
La mise en place de groupes de parole pour les aidants
Souvent lié à la solitude, renforcée d’autant plus en période de pandémie, le deuil nécessite un soutien social et un partage avec autrui. Sensible à ce besoin, PalliaNam a pu, grâce aux MUSM, mettre en place des groupes de parole pour endeuillés et pour aidants-proches.
Former les professionnels
Par ailleurs, le temps supplémentaire disponible a donné la possibilité de formations continues plus nombreuses pour nos psychologues en place ; lesquelles ont également pu créer des contenus neufs et proposer de plus nombreuses sessions de formations continues à destination des soignants.
De nouvelles pistes d’accompagnements
Au cœur de la crise, les suivis psychologiques plus « classiques » (entretiens individuels et groupes de parole) semblaient parfois moins répondre aux attentes de bénéficiaires. Comme si la souffrance engendrée par ces situations difficiles cadenassait les mots et la parole.
L’équipe MUSM de PalliaNam a dès lors fait évoluer ses propositions d’accompagnements pour chercher une voie d’expression différente à ces émotions refoulées et cheminer aux côtés des proches endeuillés et des soignants.
Des approches complémentaires et alternatives
Par phases – tests et explorations, de nouveaux axes de travail ont été proposés sous forme d’approches psychocorporelles ou créatives :
- Toucher relationnel : massages pour les patients, les aidants-proches et les soignants ou walking therapy (promenades en nature proposées aux personnes endeuillées) ;
- Ateliers « Carnet de deuil ©» et Ateliers d’écriture afin d’intégrer et transformer ses émotions vécues liées au deuil, par des moyens d’expression créative ;
- Participation à la campagne wallonne « Accroche ton origami » un mouvement collectif d’hommage aux défunts (sous forme de pliage d’origamis accrochés aux fenêtres) qui réinvente les rituels du deuil en période COVID.
- L’exploration de la bibliothérapie et la découverte de pépites dans notre bibliothèque, qui ouvrent une autre voie d’entrée dans la relation avec les bénéficiaires.
Le rôle du kiné de 2ème ligne
En parallèle, la fonction de kinésithérapie de 2ème ligne en soins palliatifs a été explorée et mise en place en collaboration avec l’équipe de soutien. Cette fonction était jusque-là absente alors que les kinésithérapeutes ont évidemment un rôle essentiels à jouer auprès des patients en fin de vie, et au sein du réseau de 1ère ligne.
La kinésithérapeute engagée sous contrat MUSM intervient donc désormais directement dans les situations palliatives. Afin de conscientiser la 1ère ligne, elle crée en parallèle des espaces de concertations pour les soignants, proposées au sein des institutions (en particulier en MR-MRS).
Diffuser la culture des soins palliatifs
L’offre de soutien psychologique ayant été renforcée sur le territoire de la Province de Namur par le soutien MUSM auprès d’autres structures (ex. SPAD – SSM), afin d’éviter un double emploi au sein du réseau local, la volonté de PalliaNam fut de rester attachée à son premier mandat : la diffusion de la culture des soins palliatifs et lever les tabous sur la fin de vie.
Intégrant à la fois le projet de soins anticipé, l’accompagnement de la fin de vie et le chemin du deuil, cette notion concerne à la fois la population et les professionnels accompagnant celle-ci.
Anticiper la fin de vie
S’interroger sur ses souhaits de fin de vie et en parler avec son entourage, fait partie intégrante de la culture des soins palliatifs et facilite grandement l’accompagnement de qualité dans les derniers instants de vie. La crise Covid aura mis en lumière la nécessité de considérer la parole des personnes fragilisées et de clarifier ses souhaits concernant la fin de vie.
Grâce aux renforts MUSM, PalliaNam a enfin pu investir pleinement l’axe de l’anticipation et développé des outils et projets, pour amorcer et soutenir la réflexion à propos de ces questions.
Des ateliers et séances d’informations autour de l’anticipation de la fin de vie et des outils disponibles pour l’aborder (PSPA, PAVS, A VRAI DIRE ) ont ainsi été proposés aux professionnels (soignants en maisons de repos, agents administratifs communaux, soignants du domicile) et aux patients (groupes de résidents en MR-MRS, Conseil Consultatif Communal des Ainés, ateliers “Penser plus tôt à plus tard“, …)
Notre équipe a également coanimé les « Cafés Mortels » proposés par le Géronam : des temps de rencontre (autour d’un film ou d’une pièce de théâtre par exemple), destinés à offrir au grand public un espace d’échange autour des questions liées à la mort.
Soutenir le développement du réseau local
Grâce au renfort MUSM, les contacts avec le réseau local et les partenaires institutionnels ont été dynamisés.
Avec plus de temps disponible au sein de l’équipe, nous avons pu prendre part aux espaces de rencontre organisés sur la Province de Namur pour et par les professionnels et les associations locales ; des temps essentiels pour diffuser la culture des soins palliatifs, pour consolider les relations et maintenir la confiance des partenaires.
L’occasion de faire connaitre PalliaNam mais aussi de rappeler que les soins palliatifs font partie du processus d’accompagnement des personnes vulnérables.
Quel avenir pour les MUSM ?
Si le renfort MUSM a permis de répondre à une demande accrue de soutien psychologique, il nous a également permis de diversifier l’offre de nos services et de nous adresser à de nouveaux bénéficiaires, tout en renforçant les partenariats avec le réseau local.
Que ce soit au travers du travail réalisé autour de l’anticipation de la fin de vie, la mise en place de consultations décentralisées ou de nouveaux services aux patients en soins palliatifs et à leurs proches (tel que le toucher relationnel par exemple), les projets et le personnel qui les portent, sont nombreux à être financés par les Mesures Urgentes en Santé Mentale.
Depuis 2021, les financements MUSM ont été renouvelés chaque année pour 12 mois supplémentaires. Mais quand sera-t-il pour 2025 ? Les projets mis en place ces 4 dernières années pourront-ils perdurer ?
L’arrêt de ces financements nous contraindrait à interrompre ces activités activités mises en place depuis 2021, à accompagner moins de patients ; alors même qu’elles connaissent un intérêt croissant.
Mais au-delà du prolongement des mesures, il nous semble essentiel d’aborder la question de la pérennisation de ces financements et de l’emploi du personnel MUSM (2,2 ETP sont prévus pour PalliaNam). Une pérennisation indispensable pour le bon fonctionnement de notre plate-forme afin de continuer à répondre aux besoins spécifiques identifiés sur le terrain.