Soins palliatifs au Congo 

Publié le 28 juin 2024

Rencontre avec le Pr. Mashinda, membre fondateur de l’Association Nationale Congolaise des Soins Palliatifs

Ce mercredi 17 avril 2024, Caroline Coolen, directrice de PalliaNam rencontrait deux représentants de l’Association Nationale Congolaise des Soins Palliatifs : le Professeur Désiré Mashinda (membre fondateur de l’Association) et le Docteur Françoise Cerexhe (infirmière, experte scientifique en oncologie, soins palliatifs et éthique, docteure en Santé Publique UCLouvain et par ailleurs membre de l’ANCSP).

Après une première visite il y a quelques années, lors de laquelle il avait eu l’opportunité d’accompagner l’une de nos infirmières de l’équipe de soutien, le Professeur Mashinda est revenu en Belgique à la rencontre des différents acteurs des soins palliatifs belges.  

Le Pr. Mashinda, le Dr Cerexhe et Mme Coolen

Objectif ? Chercher des sources d’inspiration pour construire le réseau des soins palliatifs en République Démocratique du Congo et nourrir leurs réflexions autour d’un modèle d’organisation des soins qui rendrait les soins palliatifs accessibles à tous les Congolais, avec une qualité de soins similaire sur l’ensemble du territoire. 

Retour sur cette rencontre avec Caroline Coolen, directrice de PalliaNam.

Suite à vos échanges, quels semblent être les défis majeurs auxquels est confrontée l’ANCSP dans la mise en place de ce projet autour des soins palliatifs au Congo ?

Cet échange avec Désiré et Françoise a été le rappel que nous jouissons en Belgique d’une organisation de soins solide, malgré les failles que nous avons tendance à pointer du doigt.  

Le Congo est immense :  il représente 80 fois la surface de la Belgique. Dans ce pays où la mobilité est un défi, où le plein d’essence des ambulances n’est pas garanti, il est souvent difficile à la population d’avoir accès aux soins de santé, à un service hospitalier.

Par ailleurs, le faible nombre de médecin généraliste rend l’accompagnement à domicile complexe. Actuellement, au Congo, les soins palliatifs sont déployés grâce à des soignants bénévoles qui dispensent des soins palliatifs sur leur temps libre.

J’ai appris aussi que la morphine est très difficile à se procurer, sans parler du matériel médical en général.

Y retrouvez-vous des similitudes avec les défis auxquels PalliaNam a dû faire face lors de la création de l’asbl ?

Une des similitudes serait la nécessité de faire exister et reconnaitre les soins palliatifs par la société et par les pouvoirs politiques. Ce qui a été initié dans les années ’80 en Belgique grâce aux pionniers, qui se sont mobilisés pour donner une visibilité aux soins palliatifs, peut servir d’inspiration. Cette reconnaissance politique peut d’une part donner un cadre légal aux soins palliatifs et d’autre part déboucher sur des financements.

Désiré Mashinda comparait le système de santé congolais actuel à celui de la Belgique dans l’immédiat après-guerre, avec des moyens très limités. Il y a énormément de choses à construire, de réseaux à stimuler, de combats à mener. Nous avons évoqué la légende du colibri, et la nécessité que chacun prenne une part dans les changements à venir, aussi immenses soient-ils.

Quelles étaient les attentes, les questions du Pr. Mashinda et du Dr. Cerexhe lors de votre rencontre ?

Ils s’interrogent sur les origines de la création de nos plates-formes de soins palliatifs : quels étaient les parties prenantes, quel était le contexte politique de l’époque, quels ont été les facteurs soutenants leur développement.

Aussi, il s’intéresse à l’évolution de nos structures 25 ans après. Très humble malgré son parcours impressionnant, il cherche à collecter toutes les petites idées, tous les leviers qui pourraient l’aider à solidifier le réseau des soins palliatifs au Congo.

A propos de l’ANCSP

L’Association Nationale Congolaise des Soins Palliatifs a été fondée en septembre 2022 avec pour mandat de développer les soins palliatifs en République Démocratique du Congo au travers de différents axes :

  • L’éducation et la sensibilisation : démystifier les soins palliatifs auprès du grand public par le biais de campagnes d’information et de programmes éducatifs.
  • Le renforcement des compétences médicales des professionnels de santé, notamment par le biais de la formation.
  • La coordination des soins : en facilitant la collaboration entre les prestataires de soins palliatifs et en intégrant le respect des besoins spécifiques et individuels de chaque patient par une prise en charge holistique et intégrée.
  • L’investissement dans le bénévolat : au profit des patients et de leurs familles, dans les hôpitaux et à domicile.
  • La gestion des équipes spécialisées en soins palliatifs intervenant au domicile.
  • Le soutien à la recherche scientifique et aux initiatives permettant l’amélioration des soins palliatifs et la mise en place de nouvelles méthodes pour la gestion de la douleur et les symptômes.